" Alors, on fait quoi ? " " On a qu'à aller sonner aux portes et se barrer." " Ou jouer à cache cache." Debbie soupira :
" On pourrait pas simplement se poser et discuter. Vous voulez toujours courir." " Moi je propose qu'on aille se faire une partie de cache cache, Zek a raison, on rigole toujours bien." " Allez une ou deux parties de cache cache et ensuite, on se pose." Eireen était sans doute la plus douce de la bande, celle qui voulait toujours que tout se passe bien et que tout le monde soit content. Ils étaient une bande inséparables depuis bien longtemps. Ils avaient grandi tous dans le même quartier et malgré leurs différences, ils s'adoraient. Anna et Louisa se connaissaient depuis l'époque des couches culottes, et les autres avaient peu à peu rejoint les deux filles. Eireen, Linc, Debbie, Zek, Erik. Mais de plus en plus, les affinités se faisaient entre eux. Eireen et Anna s'entendaient particulièrement bien. Zek et Anna aussi.
" Allez, on bouge !".
[...] « Anna, tu sais que je n’aime pas te voir avec cette petite bande. Surtout avec Gabriel.» Du haut de ses 14 ans, la jeune fille souffla et haussa les épaules, lâchant son stylo sur son devoir de sciences. Elle se retourna vers sa mère et esquissa un sourire :
« Je sais maman, mais ce sont mes amis. Enfin, ce sont ceux de Louisa plutôt.» Louisa était jusqu'à il y a quelques temps sa meilleure amie. Sauf que depuis quelques années, les deux s'étaient éloignées. Louisa s'était fait d'autres amis, plus vieux, tandis que Anna restait fidèle à leur petite bande de toujours. Eireen, Linc, Ezechiel, Erik et Debbie. Avant, Louisa était aussi avec eux, mais plus ils grandissaient et plus elle s'éloignait. Sauf d'Anna parce qu'elle lui disait qu'elle serait toujours comme sa soeur. Et pour ne pas la perdre totalement, Anna s'était mise à fréquenter un peu la bande de Louisa. Même si au fond, ils la mettaient un peu mal à l’aise. Ils étaient déjà au lycée, fumait pour certains, bref, rien à voir avec elle, petite fille sage qu’elle était. Gabriel était un peu le bad boy de la bande, et elle comprenait facilement pourquoi sa mère ne l’appréciait pas.
« Je sais ma puce, mais je m’inquiète pour toi, c’est tout. Tu n’es pas obligée d’être collée à Louisa sans arrêt. Surtout que tu as déjà tes amis à toi.» Elle caressa doucement les cheveux de sa fille.
« Promis maman, j’essaierai de prendre un peu de distance avec eux. De toute façon, ils ne sont pas si cool que ça. » « Je te laisse bosser un peu et je t’emmène à la danse ? » Anna hocha doucement la tête et sourit à sa mère qui referma doucement la porte de sa chambre.
* * *
« Anna! » La jeune fille sursauta en entendant une voix grave l’appeler et elle quitta son lit dans lequel elle bouquinait tranquillement pour se mettre à la fenêtre, entrouverte, qui laissait passer une petite brise automnale agréable. Zek se tenait en bas et il lui fit un signe de main en l’apercevant.
« Descends vite, je dois te montrer quelque chose.» Elle ne put s’empêcher d’esquisser un sourire et elle hocha la tête :
« J’arrive ! » Elle enfila un pull par-dessus le top un peu trop léger qu’elle portait et un jean moulant, remplaçant le short de velours noir qu’elle portait toujours quand elle traînait chez elle, et elle quitta sa chambre, claquant la porte au passage.
« Anna! La porte ! » Sa mère avait passé la tête par la porte de la salle de bains où elle terminait de nettoyer.
« Courant d’air, mam ! Désolée ! » « Tu sors ? » Anna hocha la tête en souriant :
« Pas longtemps, Zek m’attend en bas. Je ne rentre pas tard.» Sa mère esquissa un sourire en haussant les épaules. Sa fille d’à peine 16 ans grandissait à la vitesse de la lumière, et elle se rappelait encore de la petite gamine qu’elle était il y a encore quelques années.
« D’accord mon bébé, embrasse Zek pour moi.» Anna grimaça, elle détestait que sa mère l’appelle encore « mon bébé », elle trouvait cela tellement ridicule ! Surtout qu’elle ne se donnait même pas la peine de cacher ce surnom lorsque la blondinette ramenait des amis chez ses parents. Mais, par affection pour sa mère, elle ne disait rien, se contentant de sourire gentiment.
« Je lui dirais ! » Zek était presque de la famille. Il était le voisin de la brunette depuis qu’ils avaient 6 ans, sa famille avait aménagée et rapidement, les deux étaient devenus inséparables. Sans oublier Eireen, Linc et les autres. Ils formaient une petite bande inséparable depuis toujours, mais au fil des années, les affinités s'étaient créés. Zek et Anna étaient très proches, et Linc et Eireen pareil. Pour autant, les trois filles adoraient parfois se retrouver ensemble sans les mecs. Les parents avaient appris à se connaître aussi et ils s’entendaient plutôt bien, riant ensemble en imaginant leurs enfants finir leur vie ensemble, ce qui faisait grimace à chaque fois les deux intéressés. La brunette dévala l’escalier et fit un petit signe de la main à son père qui bricolait un vieux fauteuil. Elle adorait ce côté-là chez lui, il donnait un renouveau à toutes les vieilleries possibles et inimaginables … Elle sortit de chez elle et retrouva le blond qui trépignait devant la porte d’entrée. Elle déposa un baiser sur sa joue avant de le regarder :
« Qu’est-ce qu’il y avait de si important qui pouvait pas attendre demain ? » Bon, il n’était pas si tard que ça, à peine 19h, mais la jeune fille avait une faim de loup et son père avait préparé ses célèbres lasagnes. Impossible de les rater. Même Emma qui était parfois difficile les adorait.
« Tiens ! » Il lui tendit un petit paquet et elle le saisit, surprise.
« Bah … Pourquoi un cadeau ? » Il haussa les épaules en lâchant un petit rire malicieux.
« Je ne t’ai toujours rien offert pour ton anniversaire … Et c’était il y a 6 mois ! Il fallait bien que je me rattrape.» Elle éclata de rire et secoua la tête :
« C’était pas la peine Zek ! Mais je t’avoue qu’un cadeau entre mon anniversaire et Noël, c’est juste parfait.» Elle défit avec impatience les liens rouges et dorés du paquet et découvrit un petit carnet avec une superbe couverture en cuir vieilli rose. Elle le brandit, un sourire radieux sur le visage.
« Oh merci ! Il est parfait ! Je l’adore.» Il sourit et tapota maladroitement le bras de la jeune femme :
« Je savais qu’il te plairait, tu passes ton temps à râler parce que tu n’as plus de journal intime.» Elle sourit et déposa de nouveau un baiser sur la joue de son meilleur ami.
« Tu es le meilleur ! Pour la peine, je t’invite à dîner ! Mon père fait ses lasagnes. Et Emma est à la maison. » « Tant que c’est pas toi qui cuisines, ça me va ! » Il rit, moqueur et elle lui donna un coup dans l’épaule. Il faisait référence à une soirée où laissés tous les deux pendant que leurs parents sortaient, elle s’était essayé à la cuisine. Un échec cuisant … Elle rit et elle lui attrapa le bras pour l’emmener chez elle.
* * *
« Tu sais, Lou, je sais pas si c’est une bonne idée. Toi et Gabriel.» Anna arqua les sourcils, le regard fixé sur sa meilleure amie, blondinette, qui enfilait une robe très courte. Louisa se retourna et sourit en haussant les épaules.
« Je l’aime, tu le sais, non ? Il m’accorde enfin une chance, il me voit enfin comme une femme, plus comme le bébé de la bande.» Les filles avaient changé, elles avaient grandi. Elles avaient maintenant 18 ans, et même si elles avaient connu des périodes d’éloignement, leur amitié avait résisté. Elles se voyaient moins souvent, Louisa traînait toujours avec sa petite bande, incluant Gabriel devenu son petit ami, et Anna s’était rapprochée davantage encore de sa bande à elle. Elle se consacrait de toute façon à la danse, et elle n’avait pas beaucoup de temps pour l’amusement, contrairement à Louisa qui croquait ses 17 ans à pleine dent.
« Oui, mais tu sais qu’il est pas … Enfin, tu le vois avec les filles. Il les prend, il les jette. Tu crois qu’il va réussir à se poser ? » Gabriel l’agaçait prodigieusement, et il n’avait de cesse de lui faire montrer que c’était réciproque. Il s’était toujours moqué de son côté sérieux, l’appelant la Sainte-Nitouche, il tentait d’éloigner Louisa d’elle, lui disant que c’était un boulet qui l’empêchait de s’amuser. Bref, elle ne l’aimait pas, et elle voyait sa Louisa changer, pour lui. Il était prétentieux, méchant, possessif, séducteur, volage, elle le voyait bien lors des quelques soirées qu’ils avaient passés tous ensemble.
« Je crois que oui.» Elle attrapa le bras de Anna et déposa un baiser sur sa joue.
« Je suis contente que tu aies fait l’effort de venir, ce soir c’est une fête importante, je sais que tu aimes pas les soirées comme ça, mais j’avais envie que tu y sois.» Anna lui sourit et haussa les épaules :
« Tu restes ma meilleure amie Louisa, peu importe tes amis ou les miens. Je serai toujours là.» Louisa rit doucement et attrapa une robe dans sa penderie pour le lui tendre :
« Toi, tu mets cette robe. Tu vas être une déesse dedans.» Anna rit et hocha la tête :
« Allez, soyons fous ! » […] « Anna, toi ici ? » Anna avait envie de se cacher sous terre soudain ; le regard de Gabriel se posait sur elle, pénétrant, la dévisageant sans se gêner de la tête aux pieds.
« Tu es très sexy ce soir en tout cas.» Il passa doucement la main sur la hanche de la jeune femme avant de disparaître dans la foule. Elle se sentit soudain étrange et elle secoua la tête avant de s’approcher du bar pour commander un cocktail histoire de se donner une contenance.
* * *
La brunette dansait sur la piste, indifférente aux regards qui s’attardaient sur sa silhouette parfaite, mise en valeur par une petite robe bien trop courte rouge incendiaire. Elle se laissait porter par la musique, un verre à la main, sûrement déjà un peu pompette. Elle sentit deux mains attraper ses hanches et elle se retourna brusquement, faisant face à Zek. Un sourire de soulagement se dessina sur son visage et elle posa ses mains sur le torse du jeune homme.
« Danse avec moi Zek, s’il te plaît ! » « Certainement pas, tu as beaucoup trop bu. Je te ramène chez toi avant qu’un autre homme t’enlève. Tu es beaucoup trop sexy dans cette robe.» Elle le dévisagea, joueuse et haussa les épaules :
« Tu ne m’as jamais dit que tu me trouvais sexy … » Elle rit doucement et s’accrocha à son cou.
« Allez viens on danse et après promis, je te laisse me ramener.» Elle le supplia du regard et il soupira, se mordant doucement la lèvre avant d’abdiquer. Il avait souvent du mal à lui refuser quoique ce soit, elle le savait bien.
« Bon, ok, une foutue danse et on y va.» Elle sautilla un peu mais ses mains sur ses hanches la pressèrent un peu plus, la forçant à rester immobile. Elle soupira et posa sa tête contre le torse du blond, et il laissa ses mains dériver dans son dos. La musique s’était adoucie et elle apprécia un instant le calme de ce moment. Quand les dernières notes de musique parvinrent à leurs oreilles, Zek s’écarta, presque brusquement.
« Allez, on y va, Anna.» Elle hocha la tête, sagement et elle attrapa la main qu’il lui tendait. Ils traversèrent la salle d’un pas rapide et ils parvinrent rapidement à l’extérieur de la boîte. Anna n’avait même pas encore 19 ans, tout juste 18 ans, mais on la laissait rentrer à chaque fois, et ça depuis qu’elle avait 17 ans. Un sourire et un décolleté pouvaient tout changer ! Zek lui tendit un casque qu’elle enfila et il l’aida à monter sur sa moto avant de monter à son tour.
« Accroche-toi bien surtout, tu n’as pas la tenue idéale pour te casser la gueule. Ta robe est déjà presque inexistante, si en plus elle se déchire … » Il semblait moins tendu que dans la boîte et la brune haussa les épaules en riant :
« Cette robe est parfaite, allez démarre, je commence à avoir froid.» En moins de vingt minutes, ils étaient arrivés et Zek avait raccompagné la jeune femme jusqu’à son perron.
« Fais pas trop de bruit, sinon tes parents vont te tuer.» Il rit doucement et elle hocha la tête, riant avec lui. Soudain, sans qu’elle ne comprenne vraiment, ni comment, elle se retrouva plaquée contre le mur, les lèvres de Zek attrapant les siennes, avidement. Elle répondit à son baiser, passant les bras autour de son cou et collant son corps au sien, musclé, puissant. Finalement, il mit fin au baiser après quelques instants, essoufflé, et il secoua doucement la tête :
« Bonne nuit, Nana.» Il disparut, regagnant rapidement la maison de ses parents, tandis que la brune était interdite, encore sous le choc de ce baiser inattendu. […]
« Pour hier … Oublie, hein ? J’avais trop bu et … » Gêné, Zek se tenait appuyé sur le mur de sa chambre tandis qu’elle avait pris place sur le lit du jeune homme. Elle hocha doucement la tête. Elle s’était réveillée le lendemain, un peu après 12h, les idées vaseuses mais ce baiser bien en tête. Et elle ne comprenait pas. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’il mentait. Zek ne conduisait jamais la moto quand il avait trop bu, et encore moins avec elle en passager. Il avait perdu un ami dans un accident de moto et depuis, il s’était assagi à ce niveau-là, ne prenant aucun risque.
« T’en fais pas, c’est déjà oublié, j’étais complètement morte hier ! » parvint-elle à répliquer joyeusement, un signe de main pour accompagner ses paroles. Il hocha la tête et retrouva son sourire. Après tout, s’il voulait oublier, qu’il oublie. C’était sans doute mieux ainsi …
* * *
« Louisa, calme toi s’il te plaît.» La blonde était secouée de sanglots, incapable de s’arrêter, blottie contre le mur de la chambre de Anna. Anna passa doucement sa main dans les cheveux de la blonde et s’agenouilla à ses côtés.
« Parle-moi.» « Gabriel..» Anna se mordilla doucement la lèvre, bizarrement elle s’en serait doutée. Depuis trois ans qu’elle vivait une histoire avec le brun, c’était drame sur drame. Il ne prenait pas leur histoire au sérieux, ou pas autant qu’elle, et avait tendance à la remettre à sa place ou la repousser dès qu’il la sentait trop envahissante.
« Il m’a quittée. Pour de bon. Il est pas amoureux de moi.» « Mais c’est pas possible, il peut pas se rendre compte de ça trois ans après.» Louisa haussa les épaules et renifla doucement.
« Au début, il pensait qu’on s’amusait seulement, ensuite il a vu que je prenais notre relation au sérieux, et il a tenté de s’investir lui aussi. On a rompu plusieurs fois lui et moi, mais cette fois, c’est fini. Il m’a dit qu’il arrivait pas à tomber amoureux, il avait cru l’être à un moment mais …» Anna soupira doucement et attira sa meilleure amie contre elle. Elle la laissa sangloter longtemps, autant qu’elle en avait besoin avant de se tourner vers la blonde.
« Tu sais, je pars à NY le mois prochain. Je vais finir mon semestre là-bas. Pour leur école de flic. Tu pourrais peut-être venir avec moi ? » Après tout, Louisa bossait un peu à droite à gauche, venait de finir ses études ou du moins avait décidé de faire un break. Elle n’avait aucune obligation.
« Tu … Tu crois ? » Anna hocha la tête et attrapa sa main :
« Tu imagines ? New-York toi et moi ? Notre propre appart pendant 6 mois, les soirées entre filles, les beaux garçons…» Bon, et elle aurait son école de flic et les stages imposés qui lui prendraient toute la journée. Mais, elle n’avait pas envie de partir et de laisser Louisa derrière elle. Elle savait que la blonde était plus fragile qu’elle ne le laissait penser.
« Tu as raison, de toute façon, je supporterai pas de le croiser tous les jours. Puis, ta mère avait raison à son sujet, c’est un vrai bad boy, il faisait des trucs pas clairs ces derniers temps.» « Tu vois, c’est pour le mieux. Tu mérites un garçon qui tombera fou amoureux de toi.» Louisa hocha la tête et lui sourit en laissant sa tête retomber sur l’épaule de sa meilleure amie.
* * *
« Flic, toi ? T’es pas sérieuse, Anna.» Elle vit une ombre passer dans le regard de Zek mais elle se contenta de secouer la tête en riant :
« Il faut dire que tu prenais pas énormément de mes nouvelles quand j'étais à New-York. Tu savais pourtant que je partais là-bas pour l'école de flic.» Elle venait de terminer ses études et elle avait réussi à trouver un poste de flic dans sa ville natale. Fairhope lui manquait plus qu'elle ne l'aurait cru, et elle avait laissé Louisa derrière elle. Louisa se plaisait à New-York, vraiment beaucoup, et elle avait préféré rester là-bas.
« Je te vois pas flic du tout.» Il ébouriffa doucement ses cheveux et elle lâcha un petit rire en haussant les épaules.
« Bon, j’y vais, je rentre.» Elle était susceptible et voir que Zek ne la soutenait pas lui faisait de la peine, un peu trop. Elle souffla doucement et se détourna, mais il attrapa son bras et la força à lui faire face.
« Arrête, Anna, reste un peu.» Elle sentit sa main glisser sur sa hanche et un frisson la parcourut. Et lorsque ses lèvres trouvèrent les siennes, elle ne s'y opposa pas. Elle avait à peine 26 ans, et elle n’aurait jamais pensé tomber dans les bras de son meilleur ami et pourtant … Et il y a trois semaines, après une soirée bien arrosée, ils avaient fini la nuit ensemble. Après deux semaines sans se parler, gênés l’un et l’autre, ils avaient fini par provoquer une discussion, et ils avaient de nouveau fini dans les bras l’un de l’autre. Au fond, elle avait toujours été amoureuse de lui, elle le savait. Elle avait juste eu peur de briser leur amitié, et la petite bande qu'ils formaient avec les autres.
« Juste un peu.» Elle lui sourit et elle glissa ses mains dans son dos, le laissant l’enlacer.
[…] « Zek… Mais … » Elle se figea face à son petit-ami et il posa doucement son doigt sur ses lèvres avant de disparaître dans la nuit. Elle resta, incapable de bouger, incapable de lui courir après alors que c'est ce qu'elle aurait du faire. Mais, elle ne pouvait rien faire, incapable de croire que c’était Zek, Zek qui venait de braquer une banque.
« Qu’est ce que tu as foutu Montrose? » Je me tournais vers mon coéquipier, responsable aussi de mon équipe. Elle était flic depuis quelques mois maintenant, et il l’avait pris sous son aile depuis son arrivée.
« Je … Je suis désolée, c’est … C’est quelqu’un que je connais, mais s’il te plaît, je peux pas le dénoncer, pas comme ça. Je …» Il posa sur elle un regard interrogateur mais ils furent coupés par un autre flic.
« On a chopé trois sur quatre. » « Le quatrième a fui, emmenez déjà ces trois-là au commico.» Il posa sa main sur son avant-bras, et elle le remercia d’un signe de tête. Sitôt la fin du service, elle se précipita chez Zek, chez qui elle habitait maintenant depuis plusieurs mois.
« C’était quoi ce délire ?? » Il était dans le canapé, l’air fermé, et son regard se posa sur elle.
« Zek, parle-moi. S’il te plaît. J’aurais pu être suspendue, je t’ai laissé partir. Explique-moi.» Il se leva et il fut près d'elle rapidement :
« C’est ma vie, Anna. Je t’en ai pas parlé avant, et je ne peux pas le faire, mais je suis ce que je suis, et je stopperai pas.» Elle se figea et secoua doucement la tête :
« Dans ces cas-là, c’est moi qui arrête. Je pars, Zek. C’est fini.» Elle ne pouvait décemment pas sortir avec un mec qui braquait des banques. Et Ezechiel avait été parfaitement clair. Sa vie, c’était la pègre, pas elle. Elle claqua la porte de l’appartement, furieuse et blessée. Dire qu'elle pensait le connaître par cœur, et au fond, il n’était qu’un étranger.
* * *
« Je pensais pas te revoir en ville ma belle.» La voix la fit sursauter. Gabriel. Elle se retourna brusquement, son café latte à la main. Le brun se tenait devant elle, son air prétentieux et son sourire sûr de lui affichés sur son visage.
« Je suis revenue ici depuis quelques mois déjà.» « Je t’invite à partager ton café avec moi ? » Elle secoua la tête et grimaça, spontanément avant de hausser les épaules.
« On a jamais été amis Gabriel. C’est pas parce que je suis de retour ici que je vais trainer avec toi. Je te supportais pour Louisa. Tu lui as brisé le cœur, et elle n’est plus là pour faire le tampon entre nous.» Anna lui fit un sourire forcé et elle se détourna du jeune homme, quittant le café sans même se retourner. Il ne manquait pas d’air celui-là. A croire qu’ils allaient évoquer ensemble les bons souvenirs de leurs années lointaines. Certainement pas. Elle but une gorgée et lança un coup d’œil à sa montre. Elle avait rendez-vous avec son notaire pour signer les papiers. Elle avait acheté son local pour exercer son activité de détective privé. […]
« Je crois que j’ai vraiment trop bu. Je me sens pas très très bien.» Anna souffla doucement et s’accrocha à sa copine qui vacilla un instant. Soudain, elle sentit une main sur son bras.
« Je te ramène.» Elle se tourna et aperçut Gabriel. Elle lâcha un petit rire et passa ses bras autour du cou du brun.
« Gabriel !!! Pour une fois, je suis tellement contente de te voir ici. Je suis bourrée.» Elle rit encore et il soupira avant de passer un bras sur sa taille pour la soutenir. Ils sortirent du bar et il la déposa dans sa voiture, côté passager.
« Gerbe pas, c’est tout ce que je te demande.» Il démarra en trombe et en moins de vingt minutes, ils étaient devant chez elle.
« Tu savais que j’habitais là ? Tu me suis ou quoi ? » « Tu rêves ma jolie, je t’accorde pas autant d’importance.» Elle lui tendit maladroitement sa clé et ils montèrent dans la chambre de la jeune femme.
« Bon maintenant que t’es là, je vais te laisser.» Anna posa son regard sur lui et secoua la tête. Elle lui attrapa la main et l’attira à elle.
« Reste avec moi plutôt. Juste cette nuit. Demain, on oubliera tout.» Elle déposa ses lèvres sur les siennes, presque surprise de ce geste, et il se figea un instant avant de répondre à son baiser, passant ses bras autour de sa taille. Lorsqu’elle ouvrit les yeux le lendemain et qu’elle le découvrit à ses côtés, un petit cri spontané sortit de sa bouche.
« Gabriel ! Putain, merde. Qu’est ce que j’ai fait ? » Les souvenirs lui revenaient, elle s’était jetée à son cou, elle ! Elle se sentait tellement stupide.
« Doucement princesse. Tu m’as voulu, tu m’as eu.» Un sourire satisfait s’affichait sur son visage et Anna se cacha le visage dans les mains.
« J’étais bourrée.» « Ca explique pas tout Bella, je sais que tu en avais envie.» Le pire, c’est qu’il avait raison et qu’elle le savait. Elle souffla doucement et il posa doucement sa main sur sa cuisse, provoquant chez elle un frisson.
« Y’a pas mal de à s’amuser un peu. C’est pas parce qu’on s’apprécie pas qu’on peut pas prendre notre pied ensemble.» Il quitta le lit et lui fit un petit clin d’œil. Il déposa un baiser sur son front tandis qu’elle tentait de sourire, enfilant rapidement un short et un top qui traînait là.
« Tu veux que je passe ce soir ? » « Oui..» Elle se mordilla doucement la lèvre, et il sortit triomphant de la chambre. Dans quoi s’embarquait-elle ?
* * *
" Je sais pas trop où j'en suis en fait." Elle soupira doucement et Eireen posa sa main sur la sienne. Elle s'était confiée à la jeune femme, et ça faisait du bien. Il faut dire que même lorsqu'elle était à New-York, elle ne restait jamais plusieurs jours sans appeler Eireen. Elle s'était sans doute rapprochée davantage d'elle que de Debbie, peut-être parce qu'elles avaient eu un peu le même problème avec leurs meilleurs amis. Et aussi parce que Eireen était plus douce et plus à l'écoute. Elle avait réussi à lui parler de sa rupture avec Zek, des raisons qui faisaient qu'elle avait arrêté son boulot de flic après seulement quelques mois, à cause de Zek, et aussi qu'elle avait couché avec Gabriel.
" Je t'avoue que je suis un peu surprise, tu ne supportais pas Gabriel." Anna hocha doucement la tête :
" Ouais je sais ... A croire qu'au fond, il me plaisait plus que je ne voulais l'admettre. Et puis, je sais pas, plus je passe du temps avec lui, plus je le découvre et ..." " Il n'est pas si horrible que tu le croyais." Les deux rirent et Anna haussa les épaules :
" Sauf que Louisa veut revenir en ville apparemment. Si elle apprend que je couche avec lui ... " " Tu sais que Louisa aurait pas eu de scrupules à ta place. Pense pas à elle pour l'instant." Les deux jeunes femmes continuèrent de discuter en sirotant cocktails sur cocktails, avant de se séparer, et la brunette rentra rapidement chez elle et pénétra dans son appartement.
« Salut poupée.» Elle se figea, elle avait reconnu la voix de Zek.
« Qu’est ce que tu fous-là ? » « Tu me manquais bébé.» Il s’approcha d'elle et elle le repoussa doucement.
« J’ai pas le temps Zek. Dégage.» « En fait, je comptais rester là quelques temps.»